Alors que la population mondiale des 60 ans et plus dépassera les 2 milliards d’ici 2050, les professionnels de la Silver Économie font face à un double défi : répondre à la pénurie de ressources humaines dans le secteur du soin, tout en garantissant autonomie et dignité aux aînés. Les robots d’assistance sociale (Socially Assistive Robots – SAR) émergent comme une solution prometteuse. Mais que dit la science ?
Ce que montre l’étude : des effets mesurés mais conditionnels
Une équipe pluridisciplinaire (Nottingham Trent University, Sheffield Hallam University, University of Catania…) a testé l’impact d’un robot humanoïde, le NAO 6, sur la performance cognitive d’adultes lors de tâches complexes simulant des situations du quotidien.
Résultats clés :
- Le robot améliore la performance (moins d’erreurs) et réduit la charge cognitive perçue (fatigue mentale), mais uniquement si le niveau d’assistance est bien calibré.
- Trop d’informations données en même temps par le robot provoquent une surcharge cognitive, une perte d’efficacité, voire un phénomène proche de la « learned helplessness » (renoncement à l’effort).
- L’âge est un facteur significatif : les participants plus âgés ont eu des performances plus sensibles à la charge cognitive.
Conclusion : l’efficacité d’un robot dépend de son adaptation fine aux capacités cognitives de l’utilisateur.
Implications pour les acteurs de la Silver Économie
- Co-conception indispensable : Les technologies doivent être développées avec les seniors, et non pour eux. Le robot doit être personnalisable, accessible et facile à prendre en main.
- Pas de technologie sans pédagogie : Une bonne ergonomie ne suffit pas. Il faut accompagner les utilisateurs pour renforcer leur autonomie, et non les rendre passifs.
- Un marché à segmenter avec finesse :
- Un retraité actif et technophile n’a pas les mêmes besoins qu’un senior en situation de précarité ou atteint de troubles cognitifs.
- La granularité des personas seniors devient un critère stratégique pour l’adoption de ces technologies.
- Usages prioritaires à court terme :
- Aide à la gestion des médicaments
- Rappels d’activité physique ou sociale
- Soutien cognitif par petites séquences vocales ou visuelles adaptées
Vers une robotique empathique et adaptative
Cette étude met en lumière une condition clé du succès des SAR : leur capacité à ajuster en temps réel leur comportement en fonction de la charge mentale de l’utilisateur. Cela ouvre la voie à des modèles d’interaction homme-robot dynamiques, intégrant apprentissage automatique, reconnaissance vocale et gestuelle, et évaluation continue de l’état cognitif.
Le futur de la Silver Économie pourrait passer par des robots qui écoutent, s’ajustent… et n’imposent pas.
Références
- Magistro, D. (2025). Can a robot help you age better? The Conversation UK.
- Varrasi, S. et al. (2025). How Human–Robot Interaction Can Influence Task Performance and Perceived Cognitive Load at Different Support Conditions, Information, 16(5), 374. https://doi.org/10.3390/info16050374