Un système actuel sous tension
La France fait face à un défi majeur : la hausse continue du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie. Le système actuel montre ses limites, avec six failles principales :
- une gestion centrée sur la grande dépendance, négligeant la prévention ;
- un virage domiciliaire annoncé mais peu engagé ;
- une offre fragmentée et peu intégrée ;
- un décalage entre besoins et services disponibles ;
- une gouvernance complexe et peu lisible ;
- un financement instable, largement dépendant de l’impôt.
Ces fragilités alimentent une crise structurelle dont la situation dans les Ehpad n’est que la partie visible.
Le « mur de 2030 »
Selon l’Institut Santé, le nombre de personnes dépendantes passera de 2,7 millions en 2025 à 3,6 millions en 2050. Sans réforme, les dépenses publiques atteindraient 115 milliards d’euros, soit près de 2 % du PIB.
Un scénario plus soutenable repose sur deux leviers :
- le virage domiciliaire, avec un objectif de 75 % des prises en charge à domicile d’ici 2050 (contre 60 % en 2024) ;
- la prévention, permettant de réduire la progression des situations de dépendance.
La combinaison de ces deux axes pourrait générer 12 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2050 et soutenir le développement de la silver économie, estimée à 130 milliards d’euros dès 2030.
Un nouveau modèle proposé
L’Institut Santé propose de bâtir un système fondé sur trois piliers :
- Stratégique : réorganiser la gestion du risque en priorisant le dépistage et l’accompagnement des seniors fragiles (piloté par la CNAV) et en créant le métier de care manager (100 000 postes à horizon 2050).
- Économique et social : piloter les ressources à partir des besoins réels via des schémas départementaux et un contrat personnalisé de prise en charge.
- Politique : renforcer la citoyenneté sociale et garantir la primauté de la dignité des personnes, quel que soit leur niveau d’autonomie.
Dix mesures phares
Parmi les propositions concrètes :
- confier à la CNAV la détection et l’accompagnement des seniors fragiles ;
- transformer les Ehpad en établissements spécialisés ou en résidences services seniors ;
- instaurer une prestation unique autonomie (PUA) pour les plus modestes ;
- créer un système de financement tripartite combinant impôt local, assurance publique et complémentaire privée obligatoire dès 60 ans ;
- démocratiser la gouvernance de la CNSA et simplifier les parcours via des plateformes numériques centrées sur la demande.
Un enjeu politique et économique majeur
La réforme proposée vise à transformer le défi du vieillissement en opportunité économique et sociale, tout en plaçant la dignité des personnes au cœur du modèle.
Pour l’Institut Santé, l’urgence est d’agir dès 2026 afin d’éviter une implosion du système et de réussir à convertir ce risque social en moteur de croissance et de cohésion nationale.