Face au vieillissement de la population et à la montée des besoins d’autonomie, le Conseil de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) publie une contribution majeure : créer 500 000 solutions d’habitat intermédiaire d’ici 2050.
Un enjeu national pour le bien vieillir
Entre le domicile traditionnel et l’EHPAD, l’« habitat intermédiaire » – résidences autonomie, habitats inclusifs, béguinages, colocations seniors, accueils familiaux ou résidences intergénérationnelles – s’impose comme la troisième voie du vieillissement.
Ces formules permettent aux personnes âgées ou handicapées de vivre “chez soi sans être seul”, avec intimité, liberté et entraide. Aujourd’hui, on compte environ 280 000 logements de ce type, un chiffre jugé très insuffisant au regard de la transition démographique.
8 propositions pour accélérer le développement
1. Créer 500 000 logements d’ici 2050
Une planification nationale est jugée urgente pour anticiper la hausse de la dépendance et la baisse du nombre d’aidants. Chaque territoire devra être doté d’un plan local de développement.
2. Réformer la gouvernance territoriale
Le Conseil propose de sortir des logiques d’appels à projets ponctuels pour instaurer une gouvernance stable et partagée, intégrant départements, ARS, bailleurs, et acteurs de terrain.
3. Clarifier le cadre juridique
La multiplicité des statuts (résidences autonomie, inclusives, services seniors, accueil familial…) crée une insécurité pour les porteurs de projets. Le rapport appelle à harmoniser les règles et à sécuriser les modèles économiques.
4. Repenser le financement
L’actuel système est jugé complexe et inéquitable. Le Conseil recommande de revoir l’Aide à la Vie Partagée (AVP), d’autoriser la mutualisation de l’APA et de la PCH, et de faciliter l’accès au foncier pour les porteurs de projets.
5. Mieux accompagner les habitants
Renforcer la prévention, la vie sociale et la coordination médico-sociale dans tous les habitats intermédiaires, y compris pour les personnes à besoins complexes.
6. Former les professionnels
Le développement de ces lieux implique de nouveaux métiers et compétences, notamment en coordination, animation sociale et accompagnement à l’autodétermination.
7. Donner de la visibilité à l’offre
La CNSA préconise une cartographie nationale sur les portails publics (monparcourshandicap.fr, pourlespersonnesagees.fr, etc.) et un effort de communication pour faire connaître ces solutions.
8. Transformer l’existant
Les établissements et les domiciles doivent converger vers une “logique domiciliaire” : permettre à chacun de vivre chez soi, même au sein d’un collectif, sans être isolé. Certains EHPAD ou MAS expérimentent déjà ces modèles hybrides.
Une politique à bâtir, mais des bases solides
Le rapport souligne les disparités territoriales fortes et la fragilité du financement local. Mais il insiste : l’habitat intermédiaire est un levier majeur du bien vieillir et de l’inclusion, réduisant l’isolement, les hospitalisations évitables et les coûts publics à long terme.
En résumé
La CNSA trace une feuille de route ambitieuse : planifier, simplifier, financer et rendre visible.
L’habitat intermédiaire n’est plus une alternative marginale, mais une politique nationale à part entière, au croisement du logement, de la santé et de la solidarité.