Et si les banques jouaient un rôle-clé dans la détection précoce des troubles cognitifs comme la démence ? C’est ce que suggère une étude britannique publiée en juin 2025 dans JAMA Network Open, qui ouvre la voie à une innovation de rupture dans le secteur bancaire au service du vieillissement en santé.
Une étude inédite fondée sur les données bancaires
Menée par l’Université de Nottingham, cette étude a analysé les données anonymisées de plus de 16 000 clients ayant désigné une procuration (PoA – Power of Attorney) pour perte de capacité financière, comparées à un groupe témoin de 50 000 personnes similaires.
Sur une période de 10 ans, les chercheurs ont étudié 344 indicateurs financiers : fréquence des paiements, types de dépenses, utilisation des services bancaires en ligne, incidents comme les fraudes ou les cartes perdues…
Des signes précoces jusqu’à 5 ans avant la perte de capacité
L’analyse révèle des modifications comportementales nettes dans les années précédant la perte de capacité :
- Diminution des dépenses personnelles : vêtements (-9,1 %), voyages (-9,6 %), loisirs (-7,9 %)
- Augmentation des dépenses à domicile : électricité, gaz (+5,1 %)
- Augmentation des incidents bancaires : plus de fraudes, de réinitialisations de code PIN, de cartes perdues ou volées
- Moins d’interactions numériques : baisse des connexions à la banque en ligne
- Hausse des dons aux associations (légère mais notable)
Ces signaux apparaissent plusieurs années avant l’apparition des signes cliniques détectables par les proches ou les médecins.
Vers une nouvelle responsabilité des banques ?
Cette étude montre que les banques détiennent déjà des données comportementales exploitables pour repérer les signes précoces de déclin cognitif. Cela ouvre des perspectives fortes :
- Détection précoce et alerte interne (avec le consentement du client)
- Protection renforcée contre les fraudes et les arnaques ciblant les personnes âgées
- Déploiement de services adaptés (conseillers spécialisés, simplification des services, alerte à la famille…)
Le professeur John Gathergood, qui a dirigé l’étude, appelle à une mobilisation du secteur bancaire pour développer des outils de prévention à partir des données existantes, dans un cadre éthique et sécurisé.
Une piste d’innovation stratégique dans la Silver Économie
Pour les banques, il ne s’agit pas uniquement de responsabilité sociale : c’est aussi une opportunité d’innovation différenciante, à la croisée de :
- la cybersécurité personnalisée,
- la protection des clients seniors,
- et la confiance intergénérationnelle.
Dans un contexte de vieillissement accéléré de la population, anticiper les fragilités cognitives est aussi un levier pour fidéliser une clientèle vieillissante, répondre aux attentes des familles, et se positionner comme acteur de prévention dans la Silver Économie.
Pour aller plus loin
- Référence étude : « Financial Behaviors and the Emergence of Cognitive Decline: A Case-Control Study Using Banking Data », JAMA Network Open, 2025.