Nutrition et maintien à domicile : l’angle mort du grand âge
Saveurs et Vie publie son 1er Baromètre du mieux vivre à domicile, réalisé avec l’institut Becoming. L’enquête, menée auprès de 400 aidants familiaux, dresse un portrait nuancé d’une réalité souvent invisible : le rôle crucial — mais sous-estimé — de la nutrition dans le maintien à domicile des personnes âgées ou fragiles.
Les aidants en première ligne
Les aidants s’occupent en moyenne de 1,3 proche fragile, souvent un parent âgé d’environ 74 ans, et y consacrent 16 heures par semaine.
Deux tiers des aidés vivent à domicile, parfois à 30 km de leur aidant.
Parmi les tâches les plus fréquentes :
- 78 % font les courses,
- 70 % gèrent les démarches administratives,
- 45 % préparent les repas,
- 23 % aident à manger.
Pourtant, un aidant sur quatre estime ne pas avoir les compétences nécessaires pour accompagner correctement son proche. Et un sur trois ne fait appel à aucune aide extérieure.
L’alimentation, un soin oublié
Le Baromètre révèle un paradoxe : 89 % des aidants estiment que leur proche « va bien », mais l’alimentation demeure le maillon faible de l’accompagnement à domicile.
Seulement 1 proche aidé sur 6 bénéficie d’un service lié à la préparation ou à la livraison de repas, alors même que l’alimentation est un facteur clé de santé, d’autonomie et de lien social.
La perte de capacité à cuisiner est l’un des premiers signaux de fragilité :
- 70 % des aidés mangent seuls,
- mais seulement 46 % peuvent encore préparer un repas simple,
- et ce chiffre tombe à 16 % chez les personnes jugées « peu autonomes ».
L’étude souligne que bien manger ne suffit pas : le mouvement et l’activité physique restent également des leviers essentiels du maintien de l’autonomie.
Vers un parcours nutritionnel intégré
Pour répondre à cette lacune structurelle, Saveurs et Vie plaide pour une intégration de la nutrition dans le parcours de soins à domicile.
Son modèle repose sur une approche globale combinant :
- des repas personnalisés élaborés par diététiciens et chefs (plus de 500 recettes par an),
- la livraison quotidienne de 10 000 repas avec des produits frais et locaux,
- des cours de nutrition et de téléconsultations,
- un accompagnement humain par des veilleurs-livreurs formés à détecter les signaux de fragilité.
Cette vision dépasse la simple livraison de repas : elle articule nutrition, prévention et lien social comme piliers du bien vieillir à domicile.
Étude Dietadom : après l’hôpital, éviter la dénutrition
En parallèle, Saveurs et Vie conduit l’étude Dietadom, en partenariat avec plusieurs hôpitaux et la Conférence des financeurs des Hauts-de-Seine.
Objectif : évaluer l’impact d’un suivi nutritionnel personnalisé post-hospitalisation, période critique où la dénutrition ou les chutes peuvent rompre la trajectoire du maintien à domicile.
Dietadom analyse aussi la coordination entre hôpital, professionnels de santé libéraux et services à domicile — une articulation encore trop souvent défaillante.
Un enjeu stratégique pour les acteurs de la Silver Économie
Pour les professionnels du marché des seniors, ce Baromètre met en lumière un enjeu stratégique :
L’alimentation est un marqueur de santé publique et un gisement d’innovation pour le maintien à domicile.
Alors que la filière investit massivement dans le logement, la domotique ou la prévention des chutes, le “mieux manger” reste peu structuré économiquement.
Les données de Saveurs et Vie invitent à repenser les modèles d’accompagnement autour d’un triptyque :
nutrition – autonomie – lien social.
À retenir
- 1 aidant sur 3 sans aide extérieure.
- 45 % seulement préparent les repas.
- 1 proche aidé sur 6 bénéficie d’un service d’alimentation.
- La nutrition, facteur clé de santé, demeure sous-traitée dans le maintien à domicile.
Méthodologie : enquête CAWI menée du 29 juillet au 7 août 2025 auprès de 400 aidants familiaux de 25 ans et plus.
Source : 1er Baromètre Saveurs et Vie du mieux vivre à domicile – octobre 2025.