Réinventer l’offre aux aidants : la révolution par l’usage

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Silver Valley publie un Livre Blanc qui analyse la transformation silencieuse du secteur de l’aidance. Derrière les 8 à 11 millions de proches aidants en France, se cache une réalité paradoxale : une population massive, mais encore largement invisible pour les politiques publiques et les entreprises.

Les aidants ne se reconnaissent pas dans cette étiquette. Ils se définissent comme parents, conjoints, enfants. Ce refus de catégorisation révèle une aspiration profonde : continuer à exister en dehors du statut d’“aidant”, préserver son identité et sa dignité, refuser la médicalisation du lien familial.


Un marché invisible mais solvable

Le Livre Blanc met en lumière un potentiel économique encore sous-exploité.
Les familles disposent d’une solvabilité réelle, mais mal orientée faute d’offres adaptées. Trop d’initiatives publiques ou privées restent pensées pour des “cas types” ou des situations de dépendance extrême.

Pourtant, une partie des aidants — souvent les jeunes seniors actifs, les femmes de la “génération sandwich”, les salariés en tension — sont prêtes à payer pour des services concrets, simples et non stigmatisants : coordination administrative, assistance psychologique, solutions de répit intégrées.


La fin de la logique institutionnelle

Le document souligne l’échec de la logique traditionnelle : séparer aidant et aidé, multiplier les sigles (APA, CLIC, GIR…) et médicaliser l’accompagnement.

Les entrepreneurs cités (Mamili, Prev&Care, Monka, Teelda, Payelo, Finense, etc.) s’appuient au contraire sur une philosophie d’intégration : “comme tout le monde, mais adapté”.

Cette nouvelle approche s’incarne dans :

  • des séjours de répit vécus ensemble plutôt que séparés,
  • des outils de coordination simples et familiers (interfaces type WhatsApp),
  • des services de “care management” hybrides, associant humain et numérique.

Design thinking et émotion : les nouveaux codes de l’innovation sociale

Ces nouveaux acteurs appliquent le design thinking à la vulnérabilité : ils partent des usages réels, observent les comportements, déconstruisent les préjugés.
Leur démarche replace l’expérience émotionnelle au centre : soulager sans culpabiliser, préserver la dignité, simplifier la complexité du système.

Ce renversement de perspective ouvre la voie à une personnalisation de masse, sans déshumanisation. Le numérique, l’IA et le care management se combinent pour accroître l’efficacité sans effacer le lien humain.


Vers une économie collaborative et durable du care

Le Livre Blanc conclut sur l’émergence d’une nouvelle économie de l’accompagnement : hybride entre public et privé, sociale mais rentable, technologique mais humaine.
Les acteurs du secteur reconnaissent désormais la nécessité de :

  • coordonner les offres dispersées,
  • repenser les financements via le B2B2C (entreprises, mutuelles, assurances),
  • professionnaliser les fonctions de care manager et d’accompagnant familial.

Cette révolution par l’usage redéfinit les standards du care et place la France face à un défi : transformer une approche institutionnelle fragmentée en un écosystème intégré, innovant et économiquement viable.

Photo créée par Freepik

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