Démence : une baisse marquée selon les générations

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Une étude internationale menée sur plus de 214 000 personnes âgées de 71 ans et plus aux États-Unis, en Europe continentale et en Angleterre révèle une tendance inattendue mais encourageante : les personnes issues de générations plus récentes ont moins de risque de développer une démence au même âge que celles nées plus tôt au XXe siècle.

Les données proviennent de trois bases robustes :

  • l’HRS (Health and Retirement Study) aux États-Unis,
  • l’ELSA (English Longitudinal Study of Ageing) en Angleterre,
  • et l’SHARE (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe), incluant 10 pays européens.

Des cohortes plus jeunes, moins de démence

Les chercheurs ont constaté que, pour un âge donné, les personnes nées dans les années 1940 présentaient une probabilité significativement plus faible d’avoir une démence que celles nées entre 1910 et 1920.

  • États-Unis : baisse de 21,2 % à 15,5 % entre les cohortes 1890-1913 et 1939-1943 pour les 81-85 ans.
  • Europe : baisse de 30,2 % à 15,2 % sur la même période.
  • Angleterre : baisse plus modérée, de 15,9 % à 14,9 %.

Cette diminution est plus marquée chez les femmes que chez les hommes, bien que les écarts entre sexes restent significatifs.

Pourquoi cette évolution ?

Les auteurs avancent plusieurs hypothèses :

  • Amélioration de l’éducation : un facteur de protection cognitive bien documenté.
  • Meilleure prise en charge des facteurs de risque vasculaires (hypertension, diabète).
  • Évolutions des conditions de vie : alimentation, activité physique, accès aux soins, etc.
  • Et surtout : moins d’exposition à des événements traumatiques globaux (guerres mondiales, famines).

Ces effets générationnels sont indépendants de l’âge et de la période (contrôlés statistiquement avec les taux de croissance du PIB), ce qui renforce la solidité des résultats.


Quelles implications pour les acteurs de la Silver Économie ?

  1. Un vieillissement moins pathologique, mais toujours plus nombreux.
    Le recul de la démence ne contrebalance pas le vieillissement démographique : les besoins en services, logements adaptés, prévention santé, etc. continueront à croître.
  2. Des profils plus hétérogènes.
    L’étude appelle à mieux segmenter la population senior, en tenant compte des effets de cohorte, et non plus seulement de l’âge chronologique.
  3. Un levier d’optimisme pour la prévention.
    Les politiques et services axés sur les déterminants modifiables (nutrition, activité, lien social, éducation continue) gagnent en légitimité scientifique.
  4. Des modèles économiques à adapter.
    Les projections alarmistes sur la charge de la dépendance pourraient être partiellement revues, notamment en termes de besoins en établissements spécialisés. Cela pourrait rediriger les investissements vers des solutions de prévention, de maintien à domicile et de technologies cognitives.

En résumé

Cette étude constitue une preuve robuste que les efforts de santé publique et les transformations sociales portent leurs fruits. Elle invite les acteurs de la Silver Économie à penser l’avenir autrement : moins sous l’angle de la dépendance massive, et davantage comme une opportunité de mieux vieillir avec plus d’autonomie cognitive.

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