Personne âgée
Personne âgée

Depuis la crise du Covid-19, le sujet de l’aidance a pris une dimension prégnante. Il y aurait aujourd’hui entre 8 et 11 millions d’aidants en France. Un enjeu qui concerne l’ensemble des employeurs, à l’heure où 20% des salariés français sont impactés par la perte d’autonomie d’un proche et contraints de l’assister au quotidien. Un chiffre qui selon les études AGIRC-ARRCO atteindra 25%, soit un collaborateur sur quatre d’ici 2030.

Qui sont-ils ? Comment s’organisent-ils ? Quel est l’impact de ces salariés aidants au sein de leur équipe et plus largement de leur entreprise ? Comment sont-ils perçus par leurs collègues et managers ? Comment se déroule le retour à l’emploi pour ceux qui ont été contraints de démissionner en raison de leur rôle d’aidant ?

Pour répondre à ces questions, Interfacia, premier acteur du management de l’aidance en entreprise, en partenariat avec Tilia, start-up dédiée aux aidants développée au sein de BNP Paribas Personal Finance, le Groupe VYV, premier acteur mutualiste de santé et de protection sociale en France, l’ANPP, association dont l’objet est d’appuyer l’expression et la bonne pratique des Pôles Territoriaux et des Pays et Le Lab RH, association qui accompagne les organisations dans leur évolution et leur digitalisation, ont mené l’enquête avec plus d’une centaine de questions entre 5 avril et 16 juin 2023, auprès de plus de 500 actifs aidants, anciens aidants, managers et collègues d’aidants, ainsi que pour la première fois des responsables RH.

Pour cette troisième édition après celles de 2017 et 2020, le baromètre « Aider & Travailler 2023 » vise à cartographier et mesurer l’impact de l’aidance pour les employeurs et les employés.

« L’évolution des données nationales montre qu’il devient de plus en plus nécessaire que les employeurs s’emparent du sujet de l’aidance. Chaque année confirme la tendance. Les proches aidants représentent aujourd’hui 20% des effectifs salariés et la trajectoire des chiffres montre qu’ils seront 25% en 2030. Avec plus de cinq millions de salariés concernés, il ne s’agit plus de considérer le sujet comme étant isolé et individuel, mais bien comme un sujet de société et donc des employeurs. » souligne Gabrielle Guèye, Fondatrice d’Interfacia. « Si l’aidance s’inscrit déjà dans le dialogue social des branches, elle a tout intérêt à s’inscrire davantage dans celui des employeurs. Ces derniers pourront ainsi non seulement anticiper les éventuelles conséquences négatives, mais également se saisir des effets positifs en matière de compétences nouvelles et d’amélioration du climat social, sans oublier l’impulsion d’innovations managériales favorisant la performance des équipes. En effet, ce dernier point est particulièrement pertinent à prendre en compte, puisque l’aidance ne concerne pas seulement les salariés aidants, mais également les collègues et managers de ces derniers. Se saisir pleinement du sujet permet de dépasser le prisme de la contrainte pour le traiter comme une opportunité organisationnelle et managériale favorable à la pérennité et au développement de l’entreprise. »

L’aidance, un enjeu complexe encore peu traité en entreprise

Aujourd’hui, plus de la moitié des salariés aidants (52%) sont des femmes, contre 48% qui sont des hommes. Et contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas forcément des séniors car ils sont près de la moitié à avoir moins de 50 ans (48%).

Les salariés aidants sont présents dans tout type d’organisation quelle que soit sa taille de manière parfaitement équivalente, à savoir : un tiers dans des entreprises de 249 salariés ou moins (37%), un tiers dans des entreprises de 250 à 4999 salariés (31%), et un tiers dans les entreprises de plus de 5000 salariés (32%).

Trois quarts des travailleurs (75%) concernés par la problématique de l’aidance évoquent leur situation sur leur lieu de travail. 62% le font auprès de leurs collègues, 52% avec leur manager, tandis que 31% s’adressent directement à leur DRH, notamment dans le but d’aménager leur temps de travail — une solution mise en place par 46% des personnes interrogées.

A l’avenir, les salariés aidants seront amenés à être plus nombreux. Plus de 7 actifs non-aidants sur 10 (72%) considèrent qu’ils seront probablement ou certainement aidants dans les 5 ans à venir. Face à cette perspective, plus de 6 responsables des ressources humaines sur 10 (64%) indiquent avoir mis en place des actions pour adresser la problématique de l’aidance. Des actions reconnues par les collaborateurs puisque 66% d’entre eux disent que leur entreprise prend en compte leur situation, soit 10 points de plus qu’en 2020, et 46% d’entre eux estiment que les dispositifs déployés contribuent à les fidéliser.

Pourtant, l’aidance reste encore trop peu, mal, ou trop difficilement adressée par les employeurs. Preuve en est : 40% des responsables RH rencontrent des difficultés à s’en saisir, le sujet ne fait d’ailleurs même pas partie du dialogue social au sein de leur organisation selon près de 6 d’entre eux sur 10 (59%). Cela s’explique en partie par une méconnaissance avérée du phénomène : un tiers des responsables RH (33%) ne savent pas que 20% des salariés en France sont des aidants, et deux tiers (63%) n’ont pas conscience que l’aidance impacte 30% de l’ensemble d’un effectif. Ils sont pourtant près de la moitié (47%) à être interpellés sur le sujet, dont un tiers (34%) par des sollicitations qui proviennent des managers.

Aidance & travail : des conséquences tout autant négatives que positives

Les salariés aidants sont 66% à considérer que l’aidance a un impact négatif sur leur travail. Une tendance en nette baisse — 12 points (78%) — au cours des trois dernières années : la mise en place de dispositifs adaptés, et du télétravail, a permis d’alléger leur quotidien même si des solutions restent encore à trouver pour deux tiers d’entre eux. Par ailleurs, notons que 4 salariés aidants sur 10 (41%) indiquent que leur situation a un effet négatif sur la vie professionnelle de leur conjoint.

L’aidance procure toutefois certains atouts aux collaborateurs concernés. 49% ont notamment acquis de nouvelles compétences grâce à leur expérience d’aidant. Un constat qui est également partagé par près de deux tiers de leurs collègues (65%). Les soft skills acquises ou développées sont, en tout premier lieu, la gestion des priorités (91%), l’organisation du temps (86%) et l’efficacité (80%), sur la base de 16 compétences proposées.

Les collègues et managers d’aidants (54%) voient en l’aidance un impact positif sur la cohésion d’équipe (54%), et sur leur propre organisation du travail (45%). Un aidant dans une équipe représente, en effet, un véritable atout : plus d’empathie, de sens, et de résilience. En revanche, ils sont près de 8 sur 10 (79%) à noter un impact négatif sur l’organisation du travail de l’équipe.

Pour ces raisons, manager l’aidance, tant du point de vue de l’individu que de l’organisation, que ce soit pour réduire les effets négatifs tout comme pour capitaliser sur les impacts positifs, représente un enjeu crucial pour les employeurs. La majorité des sondés jugent qu’il est ainsi primordial que les entreprises mettent en place des solutions concrètes à la fois pour les aidants (« oui » à 98%), pour leurs managers (96%), ainsi que pour leurs collègues (90%).

Une précarisation des aidants

Pour pouvoir répondre pleinement aux besoins du proche aidé, les salariés concernés ont besoin de temps, d’autant plus qu’ils sont aujourd’hui 25% à s’occuper d’au moins deux personnes dépendantes.

Ils sont ainsi plus d’un quart (26%) à travailler à temps partiel, un chiffre en baisse de 14 points par rapport à 2020 (40%), probablement du fait de la mise en place renforcée du télétravail. Un choix du temps partiel subi par 69% des interrogés (76,5% en 2020, soit une diminution de 7,5 points) qui génère un manque à gagner évident en termes de revenus et qui vient accentuer leur précarisation. C’est un véritable enjeu sachant que la plupart des aidants contribuent financièrement à la prise en charge de leur proche fragilisé : plus d’un tiers des salariés aidants (35%) consacrent entre 500€ et 1000€ à la personne aidée.

Une précarisation appuyée encore davantage par le niveau de rémunération des aidants. La part des actifs aidants touchant une rémunération brute mensuelle de moins de 2000€ est de 11 points supérieure à celle des actifs non aidants. De plus, la part des actifs aidants dont le salaire brut mensuel s’élève à plus de 3000€ est inférieure de 17 points par rapport à celle des actifs non aidants.

Une précarisation qui se manifeste également par un retour à l’emploi difficile. En effet, alors que 86% des aidants qui sont aujourd’hui sans emploi n’ont pas eu d’autre choix que d’assumer cette situation, plus d’un tiers d’entre eux (34%) affirment qu’elle a contribué à leur perte d’emploi. Par ailleurs, elle constitue un frein pour retrouver un emploi pour près de la moitié (48%).

Une précarisation discriminante, puisque les aidants actifs sans emploi sont aujourd’hui en grande majorité des femmes (64% contre 36% d’hommes) et des seniors : 62% ont plus de 50 ans contre 38% qui ont moins de 49 ans.

« Nous assistons à une véritable précarisation du statut d’aidant qui s’accentue jour après jour et qui génère de grandes inquiétudes pour l’avenir. 6 travailleurs aidants en activité sur 10 sont ainsi inquiets de l’impact de leur rôle sur leur future retraite » commente Christine Lamidel, Fondatrice et Directrice générale de Tilia « Le maintien dans l’emploi des salariés aidants est aujourd’hui un enjeu crucial. L’exercice d’une activité professionnelle constituant une véritable bulle de décompression, qui vient contrebalancer une vie personnelle plus difficile. Pour assurer le maintien dans l’emploi, il est nécessaire de sensibiliser à la prise en charge des fragilités l’ensemble des acteurs de l’entreprise, à savoir la direction, les ressources humaines, les managers et les collaborateurs et d’accompagner la mise en place de dispositifs concrets pour faciliter le quotidien des salariés aidants ».

 


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