Perte d’autonomie : pourquoi les seniors anticipent si peu

Le Sofinscope Baromètre OpinionWay pour Sofinco

Avec le vieillissement de la génération du baby-boom, le nombre de seniors en perte d’autonomie devrait atteindre 2,8 millions d’ici 2050¹. Pourtant, seuls un quart des plus de 60 ans se sentent pleinement préparés d’après « Le Sofinscope – Baromètre OpinionWay pour Sofinco ». Pour la majorité, cette étape de vie reste source d’inquiétude, notamment sur le plan financier.


Une anticipation qui recule, malgré une dépendance de plus en plus redoutée

Face à l’allongement de la durée de vie, la dépendance demeure un horizon craint mais peu anticipé. Cette année, un senior sur deux seulement se dit prêt à affronter une situation de dépendance (54 %, –2 pts vs 2024). Et dans le détail, seuls 23 % se déclarent « pleinement préparés » si cela devait survenir demain (–3 pts).

Cette faible préparation s’accompagne d’une inquiétude croissante concernant le coût financier : 68 % des seniors s’en préoccupent (+5 pts). Ce ressenti s’aligne avec le recul du budget qu’ils estiment pouvoir consacrer à l’adaptation de leur logement : 8 628 € en moyenne, soit 519 € de moins qu’en 2024.
Les écarts sont marqués selon le statut résidentiel :

  • Propriétaires : 9 796 € en moyenne
  • Locataires : 4 156 €, soit presque deux fois moins

Préparer financièrement cette étape reste difficile : seuls 42 % des seniors ont commencé à constituer une réserve, et 30 % pensent devoir compter sur leurs enfants en cas de dépendance (–5 pts). Pourtant, cette solidarité familiale semble limitée : 11 % seulement jugent probable d’être accueillis chez leurs enfants ou petits-enfants.


Des inquiétudes physiques et matérielles… qui finissent toujours par avoir un coût

Si l’aspect financier est omniprésent, la première préoccupation reste la santé physique : 78 % des seniors redoutent les conséquences corporelles d’une perte d’autonomie (–6 pts vs 2024).
Par ailleurs, 34 % craignent que leur logement ne soit plus adapté.

Pour autant, seule une minorité envisage un changement de lieu de vie : 32 % pensent rejoindre une structure spécialisée en cas de dépendance. Une solution peu attractive, notamment en raison du coût perçu comme très élevé : 71 % citent cette dépense comme un sujet majeur d’inquiétude (+6 pts).

Rester chez soi n’apparaît pas beaucoup plus simple :

  • 49 % s’inquiètent du coût des services à domicile (+4 pts)
  • 25 % du coût des aménagements nécessaires (+5 pts)

Des travaux essentiels… mais souvent jugés inaccessibles

Certains aménagements paraissent à la fois indispensables et abordables. Par exemple :

  • Système d’alerte en cas de chute : nécessaire pour 78 %, financièrement accessible pour 59 %

D’autres sont perçus comme nécessaires mais trop coûteux :

  • Élargissement des portes/couloirs pour fauteuil roulant : nécessaire pour 43 %, mais jugé trop cher pour 31 %
  • Réaménagement complet de la salle de bain : nécessaire pour 67 %, mais inabordable pour 24 %

Face à ce bouleversement potentiel, la priorité reste la sécurité financière

La plupart des seniors comptent d’abord sur leurs propres ressources :

  • 50 % prévoient de mobiliser leur épargne
  • 26 % leur assurance-vie
  • 24 % la vente ou la location de leur logement

Certains anticipent même la nécessité de travailler au-delà de l’âge légal de départ pour renforcer leurs revenus : 39 % des seniors encore en activité s’y disent prêts.

Les aides publiques, elles, restent perçues comme peu fiables ou incomprises : seuls 34 % pensent pouvoir réellement s’appuyer dessus. Ce manque de lisibilité transparaît dans le fait que 46 % des seniors ne se renseignent pas sur le sujet.


« La dépendance est une étape de vie redoutée, souvent préparée dans l’urgence, entraînant des dépenses importantes en un temps court. Pour accompagner les seniors, des dispositifs d’épargne dédiés ou des crédits adaptés au bien vieillir pourraient constituer des leviers précieux. »
Franck ONIGA, Directeur général de Sofinco

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