Le financement de l’aide à domicile est problématique, nous le savons. Le financement public via l’APA est globalement insuffisant pour couvrir les coûts de revient des SAAD. Il est de surcroît très disparate d’un département et d’un service à un autre, générant une multitude d’inégalités entre les personnes âgées dans l’accès à cette aide, en fonction de leur lieu de résidence. Mais si l’on veut réformer en profondeur le financement du secteur, il faudra aller plus loin et s’interroger sur les modalités de versement de l’APA et au fond, sur la conception même de la valeur du service et de sa finalité.

Par Christine Jeandel – Présidente COLISEE GROUP

Au cœur des dysfonctionnements se trouve l’unité de mesure horaire. Si elle peut paraître pratique d’un point de vue comptable, elle constitue en réalité une contrainte qu’il faut absolument dépasser. En effet, en quoi est-il pertinent de ramener les besoins d’une personne âgée à un nombre d’heures alors que l’on parle de plus en plus souvent, et à juste raison, d’une approche globale de la personne âgée qui doit permettre de répondre à l’ensemble de ses besoins ? La finalité du service étant la préservation de l’autonomie, rien ne permet de considérer que cette finalité passe nécessairement par un découpage mathématique en nombre d’heures. C’est au contraire une logique qualitative qu’il faut privilégier pour analyser finement les besoins et mettre en place les biens et services permettant d’y répondre.

Une enveloppe forfaitaire mensuelle d’APA associée à des objectifs et à des indicateurs de suivi serait bien plus adaptée à tous points de vue. Elle laisserait plus de souplesse à l’opérateur pour utiliser au mieux cette enveloppe en fonction de la situation singulière de chaque personne accompagnée et en tenant compte de ses propres contraintes économiques, qu’il est mieux à même d’appréhender qu’une autorité administrative. Il pourrait d’ailleurs opérer une forme de mutualisation entre ses différentes missions dont les coûts de revient peuvent être variables.

Les pouvoirs publics ne seraient évidemment pas en reste dans un tel système. L’Etat jouerait pleinement son rôle dans la solidarité nationale en attribuant le forfait APA en fonction de l’état de santé et des ressources de la personne, cette fois sur des bases identiques sur l’ensemble du territoire national. Le Conseil départemental, de son côté, aurait en charge, du fait de sa proximité avec les acteurs de terrain, la supervision du système, l’autorisation et le suivi des prestataires, ainsi que la vérification des effets produits par les services sur le bien-être des personnes accompagnées.

Une petite révolution par rapport aux pratiques actuelles, donc, mais une révolution qui est à portée de main pour peu que l’on soit capable de faire preuve d’innovation méthodologique et de volontarisme politique. Une ambition loin d’être démesurée eu égard aux enjeux : assurer la pérennité des services d’aide et d’accompagnement à domicile tout en permettant aux personnes âgées, jusqu’au bout, de bien vieillir chez elles.

 


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